Le désordre créatif
Ma réflexion écrite de ce soir a été réveillée par un consultant spécialisé dans le knowledge management avec qui j'ai échangé aujourd'hui. En plein milieu de notre discussion et sans l'air de rien, il s'est mis à évoquer le désordre nécessaire au sein d'une entreprise! et là d'un tout j'ai eu le sentiment que nous étions sur les mêmes longueurs d'ondes!
Oui, généralement le management d'une situation, d'une entreprise peut être spontanéement vécu, par ceux qui en ont la responsabiltié, voire ceux qui y participent comme une lutte permanente contre le désordre. Ce principe d'ordre va consister, pour celui qui a en charge la responsabilité, à prévoir autant que possible l'évolution de la situation, à planifier en tenant compte des prévisions, à émettre des directives en conséquence et à en contrôler la bonne application.
Mais cette vision intégralement déterministe peut être controversée dans la mesure où il apparait désormais que de plus en plus de phénomènes de l'entreprise ne peuvent être analysés qu'en terme de probabilités et qu'ils incluent donc un élément irréductible d'incertitude et d'indéterminisme.
Alors, vouloir tout voir de façon centralisée, prétendre tout prévoir et tout planifier et assimiler l'essentiel des relations à l'intérieur d'une structure à la conception de codes de procédures, à la transmission de directives et au contrôle de leur mise en oeuvre se heurte de mon point de vue à une série d'objections:
- le manager ou dirigeant ne peut tout voir: ce n'est pas à lui que s'est adressé forcément le client !
-le manager ou dirigeant ne peut pas non plus tout prévoir: l'entreprise doit tenir compte de plus en plus de l'évolution et des réactions imprévisibles de son environnement
-le management par directives au quotidien apparait comme une impossibilité au fur et à mesure que se multiplient les situations concrètes et imprévisibles auxquelles il s'agit de faire face.
Dans les conditions actuelles, un ordre qui serait fondé sur de tels principes serait donc assurément mortel pour l'entreprise. Il équivaut, à la périphérie de l'entreprise, là où se fait le contact avec un environnement clients et marchés devenus multiformes, et dont l'évolution est en partie imprévisible, à une rigidité absolue.
Il s'agit donc désormais, pour une direction, de coordonner les initiatives, correspondant à autant de réactions d'adaptation de ses acteurs.
Les situations concrètes et imprévisibles que rencontrent des commerciaux au contact de leur environnement les conduiront à des offres ou des tarifs ne figurant pas au catalogue, le matériel le mieux conçu impliquera pour fonctionner correctement, force bouts de ficelle.
Ce désordre "apparent" représente donc un réservoir de créativité pour autant que le manager garde un rôle de fédérateur d'énergies et un rôle de régulation pour ne pas laisser les acteurs livrés à eux mêmes!